Inde : Après 100 jours de détention, Stan Swamy, prêtre octogénaire, témoigne de ses conditions de vie
« Nous 16 n’avons pas pu nous rencontrer dans la mesure où nous sommes logés dans des prisons différentes ou dans différentes sections à l’intérieur de la même prison. Cependant nous chanterons encore en chœur. Un oiseau en cage ne peut que chanter. »
Dès les premiers jours de son arrestation, l’incarcération de Stan Swamy, prêtre jésuite de 83 ans, a suscité une vive mobilisation. Des manifestations ont immédiatement été organisées pour exiger sa libération, une chaîne humaine de 5 kilomètres a été formée, une lettre a été envoyée au Premier ministre indien Narendra Modi. Mais l’homme reste en détention, et ce malgré le fait qu’il soit atteint de la maladie de Parkinson.
Accusé de sédition au détriment de l’État, Stan Swamy se trouve depuis le 8 octobre dernier à la prison de Taloja à Mumbai. Le 15 janvier dernier marquait le 100ème jour de détention du prêtre. À cette occasion, de nouvelles manifestations se sont déroulées.
Le Père Cedric Prakash SI était à l’initiative de ces manifestations. Il explique auprès de l’Agence Fides :
« Son arrestation demeurera dans les annales de l’histoire sombre de l’Inde comme l’un des actes les plus brutaux de l’État. Prêtre jésuite, le Père Lourduswammy a dédié 35 ans de sa vie à la dignité et au développement des adivasis du Jharkhand. Il est triste de voir qu’au lieu de recevoir une récompense, lui est infligée une punition et qu’il se trouve en prison. »
Une solidarité « profondément appréciée » par le jésuite incarcéré qui témoigne :
« J’apprécie profondément la solidarité débordante exprimée par de nombreuses personnes du monde entier au cours de ces 100 jours passés derrière les barreaux. Parfois la nouvelle de tant de solidarité m’a donné une force et un courage immenses, surtout lorsque la seule chose certaine en prison est l’incertitude. »
À des confrères qui ont pu lui rendre visite en prison, il explique tourner son regard vers ses co-détenus :
« Un autre point de force au cours de ces 100 derniers jours a été d’observer la situation difficile d’autres détenus se trouvant dans l’attente d’un procès. La majeure partie d’entre eux provient de communautés économiquement et socialement les plus faibles. Nombre de ces pauvres ne savent pas quelles accusations pèsent sur eux. Ils n’ont pas vu leur acte d’accusation et demeurent en prison pendant des années sans aucune assistance légale ou d’autre type. Dans l’ensemble, presque tous les détenus sont contraints à vivre avec le minimum indispensable, qu’ils soient riches ou pauvres. Cette condition crée un sens de fraternité et de solidarité communautaire. Nous sentons qu’il est possible d’être proches et de se soutenir l’un l’autre dans cette adversité. »
Quant aux 16 activistes arrêtés à ses côtés, le prêtre explique qu’il n’a pas pu les rencontrer mais que sans se voir ils peuvent encore « chanter en chœur ».
« Nous 16 n’avons pas pu nous rencontrer dans la mesure où nous sommes logés dans des prisons différentes ou dans différentes sections à l’intérieur de la même prison. Cependant nous chanterons encore en chœur. Un oiseau en cage ne peut que chanter. »
À ce jour, aucune des tentatives menées en faveur de Stan Swamy n’ont eu d’effets positifs.
M.C.
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